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Unibroue : une transaction brassée avec génie 🍻

Unibroue : une transaction brassée avec génie 🍻

Entreprisesavendre.quebec
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🍺 Aux origines : un rêve brassé à Chambly

Tout commence à Chambly, au tournant des années 1990. Deux hommes, André Dion et Serge Racine, rêvent d’une bière québécoise capable de rivaliser avec les grandes maisons belges. Pas une imitation, mais une création d’ici, portée par le même respect du goût, du savoir-faire et du temps.

Dion, ancien PDG de la Brasserie Massawippi, apporte son flair d’entrepreneur. Racine, investisseur aguerri, lui offre la stabilité financière. Ensemble, ils s’entourent du brasseur Jean-François Gravel et du consultant belge Greg Noonan, spécialiste des bières refermentées en bouteille.

En 1990, Unibroue voit le jour. Et très vite, elle se distingue : une microbrasserie québécoise qui parle le langage de la passion, mais pense déjà comme une grande.

En 1992, la Blanche de Chambly étonne par sa finesse. En 1994, La Maudite devient un symbole de rébellion maîtrisée. Puis vient La Fin du Monde, triple dorée audacieuse, qui rafle les prix à l’international et s’impose comme la bière québécoise par excellence.

💬 « Chaque bouteille raconte une histoire », disait André Dion. Et cette histoire, c’est celle d’une ambition brassée avec patience — une entreprise née pour durer.

🌍 De la micro à la marque-monde

À la fin des années 1990, Unibroue est devenue une ambassadrice du savoir-faire québécois. Ses bières s’exportent aux États-Unis, en Europe, et remportent médailles sur médailles. Les étiquettes, conçues par des artistes d’ici, célèbrent la culture populaire : légendes, contes, diables, anges, drakkars.

Mais le succès a un coût. Pour répondre à la demande, il faut agrandir les installations, embaucher, automatiser. L’entreprise a la passion, mais manque du capital nécessaire à une expansion internationale.

André Dion le sait : s’ils veulent faire passer Unibroue à un autre niveau, il faut s’allier à un joueur plus grand — sans renier leurs valeurs.

💰 Le tournant stratégique : vendre pour grandir

En 2004, après quatorze ans d’effervescence, André Dion et Serge Racine vendent 100 % des actions d’Unibroue à Sleeman Breweries Ltd., une brasserie ontarienne reconnue pour son savoir-faire et sa stabilité financière.

💵 Montant estimé de la transaction : ~36,5 millions $.

Dion et Racine ne vendent pas à contrecœur. Ils vendent pour protéger l’œuvre. Leur condition : la brasserie doit rester à Chambly, l’équipe doit être préservée et l’identité artisanale doit être protégée.

🎯 Ce n’est pas une sortie, c’est une transmission. Et c’est là toute la différence entre céder et continuer autrement.

Dion reste brièvement comme consultant pour assurer la transition. Unibroue, désormais soutenue par un groupe solide, conserve sa direction québécoise et son identité culturelle intacte.

🌏 Quand le Japon entre en scène : la mondialisation maîtrisée

En 2006, un nouvel acteur entre dans l’histoire : Sapporo Breweries, géant japonais centenaire, acquiert Sleeman Breweries pour environ 400 millions $ CA. Unibroue passe donc sous pavillon japonais — mais sans perdre son essence.

Contrairement à bien des acquisitions étrangères, Sapporo choisit une approche intelligente :

garder Unibroue autonome, locale et fière.

Les bières continuent d’être brassées à Chambly. Les brasseurs québécois gardent la main. Et la direction opérationnelle reste basée au Canada, sous supervision de Sleeman.

🎯 L’actionnariat devient 100 % japonais, mais la production et la créativité demeurent 100 % québécoises.

🧠 Une gouvernance à plusieurs étages

  1. Propriétaire ultime : Sapporo Holdings (Tokyo, Japon)
  2. Division canadienne : Sleeman Breweries Ltd. (Ontario)
  3. Siège d’Unibroue : Chambly, Québec
  4. Brasseur en chef : Jerry Vietz (depuis 2003), artisan derrière plusieurs grandes cuvées (Éphémère, Terrible, Don de Dieu)

En 2025, Unibroue compte 250+ employés à Chambly, exporte dans 20+ pays et demeure une référence mondiale du brassage artisanal nord-américain.

💬 Une multinationale en tête, une équipe locale au cœur. C’est un modèle hybride — et une réussite durable.

⚙️ Leçons d’un transfert bien brassé

L’histoire d’Unibroue n’est pas celle d’une perte, mais d’une transmission réussie. Les fondateurs ont compris qu’une entreprise artisanale pouvait grandir sans trahir ses valeurs, à condition de bien structurer sa relève.

  1. 🍻 Préparer la vente avant d’en avoir besoin : Unibroue a bâti un modèle solide avant d’ouvrir son capital.
  2. 🧭 Choisir un repreneur aligné sur ses valeurs : Sleeman, puis Sapporo, ont respecté le patrimoine.
  3. 💵 Vendre au bon moment : quand la croissance exige un partenaire, pas quand la passion s’épuise.
  4. 🌎 Préserver l’ADN local : même sous un drapeau étranger, une marque peut garder sa culture.

✨ Le goût du monde, l’âme du Québec

Trente-cinq ans après son premier brassin, Unibroue demeure un fleuron québécois — à la fois local par son âme, et mondial par son ambition. Ses bières portent toujours les noms de nos légendes, ses brasseurs parlent encore d’artisanat avant de parler d’affaires, et sa production reste ici, à Chambly.

💬 Brasser le monde sans perdre l’âme : voilà la recette d’affaires qu’Unibroue aura léguée à tout un Québec entrepreneurial.

🚀 Conclusion et appel à l’action

L’histoire d’Unibroue prouve qu’un transfert n’est pas une fin, mais une nouvelle fermentation. Quand la passion se structure, quand la vision s’ouvre, quand la culture demeure — le succès devient durable.

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