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Ubisoft Montréal : Croître vite, mais intelligemment

Ubisoft Montréal : Croître vite, mais intelligemment

Entreprisesavendre.quebec
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Quand la vision rencontre le courage 🌍

À la fin des années 1990, Montréal était encore loin d’être la métropole technocréative qu’on connaît aujourd’hui. Ses usines vibraient encore du bruit des presses et des wagons. Le numérique, lui, ne faisait que pointer le bout du nez.

C’est alors qu’une entreprise française, au nom discret, prend une décision qui changera à jamais le paysage économique du Québec. Ubisoft, fondée en 1986 par les cinq frères Guillemot — Yves, Michel, Claude, Gérard et Christian — décide d’y ouvrir un studio.

Leur idée? Créer un pôle de création international, capable de marier le génie européen à la créativité nord-américaine.

🎯 Ce pari, à l’époque, relevait presque de la folie. Peu croyaient qu’un studio de jeux vidéo pouvait prospérer à Montréal. Mais les Guillemot avaient cette intuition rare : les plus grandes aventures naissent souvent là où personne n’ose encore planter de drapeau.

Les frères Guillemot : bâtisseurs d’un rêve entrepreneurial 🎩

Avant d’être un empire du jeu vidéo, Ubisoft, c’était une aventure familiale. Les frères Guillemot, originaires de la Bretagne rurale, avaient grandi au cœur d’une ferme où la débrouillardise était reine.

Dans les années 1980, ils se lancent dans la distribution de logiciels et de jeux vidéo — un marché balbutiant à l’époque. Leur force? Le flair. Ils voient venir l’essor du numérique avant tout le monde.

En 1986, ils fondent Ubisoft (“Ubi” pour Union des Bretons Indépendants, clin d’œil à leurs racines). Et dès les années 1990, sous la gouverne d’Yves Guillemot, ils transforment l’entreprise en une machine d’innovation.

Leur approche est simple :

“Si on veut grandir, il faut penser global, mais agir local.”

C’est ce raisonnement qui amènera Yves à s’intéresser au Québec.

Montréal : un pari audacieux devenu légendaire 🎮

En 1997, le gouvernement du Québec cherche à attirer de nouveaux investissements dans le multimédia. Le ministre Bernard Landry croit fermement que la créativité québécoise peut rivaliser avec celle de la Californie — il ne manque que les bons partenaires.

Ubisoft, à la recherche d’un site nord-américain, visite Montréal. Le projet est risqué : peu d’infrastructures, peu de talents spécialisés, une industrie du jeu encore en émergence.

Mais Montréal offre deux atouts majeurs :

  1. Une main-d’œuvre bilingue et hautement éduquée.
  2. Des crédits d’impôt parmi les plus généreux au monde pour le secteur multimédia.

Résultat : Ubisoft dit oui. Et c’est ainsi que, dans un modeste local du Mile-End, Ubisoft Montréal voit le jour avec à peine 50 employés.

Peu de gens le savaient alors, mais ce petit studio allait devenir, vingt ans plus tard, le plus grand centre de création de jeux vidéo au monde.

La première génération de succès 🚀

Le début n’a pas été simple. Les équipes doivent se former sur le tas, recruter, inventer des méthodes, créer sans modèle. Mais rapidement, les résultats dépassent toutes les attentes.

  1. Tom Clancy’s Splinter Cell (2002) – un chef-d’œuvre d’infiltration salué mondialement;
  2. Prince of Persia: The Sands of Time (2003) – un bijou d’innovation qui révolutionne la narration dans le jeu vidéo;
  3. Assassin’s Creed (2007) – le phénomène mondial qui vendra plus de 200 millions de copies à ce jour;
  4. Far Cry, Watch Dogs et plus tard Rainbow Six Siege — autant de titres devenus synonymes du génie créatif québécois.

💬 En moins de dix ans, Montréal passe du statut de pari audacieux à celui de référence mondiale.

Les studios s’agrandissent, les équipes se multiplient. De 50 employés en 1997, le studio en compte déjà plus de 1 000 en 2003, puis 4 000 en 2015.

Aujourd’hui, Ubisoft Montréal fait partie d’un réseau de plus de 45 studios à travers 20 pays, totalisant environ 21 000 employés.

Croissance maîtrisée, gouvernance exemplaire ⚙️

Ce qui distingue Ubisoft Montréal de nombreux autres géants de la technologie, c’est la maîtrise de sa croissance. L’entreprise n’a jamais cherché à grandir à tout prix.

Chaque expansion, chaque nouveau projet a été mesuré, réfléchi, intégré à une vision d’ensemble.

🎯 Leur secret : une gouvernance hybride. Le studio conserve une grande autonomie locale — notamment dans la direction artistique et le développement de nouvelles idées — tout en s’appuyant sur une structure financière et stratégique internationale solide.

Cette approche a permis de combiner le meilleur du monde entrepreneurial québécois (créativité, collaboration, proximité humaine) avec la rigueur et la vision mondiale d’une multinationale bien gouvernée.

L’équilibre entre liberté créative et cadre structuré est la clé de toute croissance durable.

Savoir dire non 💡

Contrairement à de nombreuses entreprises en hypercroissance, Ubisoft a su faire preuve de retenue. Quand d’autres multipliaient les acquisitions ou les projets simultanés, la direction montréalaise a souvent choisi la prudence.

Des propositions de fusions, des expansions en Asie, des projets de films ou de séries… Ubisoft Montréal a préféré se concentrer sur la qualité de son ADN, plutôt que sur la dispersion.

💬 Dans un monde obsédé par la vitesse, Ubisoft a choisi la maîtrise.

C’est cette philosophie qui explique pourquoi, après plus de 25 ans d’existence, le studio demeure rentable, cohérent et influent, tout en gardant une culture d’entreprise remarquablement intacte.

L’impact économique et humain au Québec 💼

Ubisoft Montréal n’est pas seulement un studio. C’est un moteur économique et un catalyseur de talents pour tout le Québec.

  1. Plus de 4 000 emplois directs à Montréal;
  2. Des retombées économiques estimées à plus de 700 millions de dollars par an;
  3. Des centaines de sous-traitants et PME locales soutenues (animation, son, graphisme, formation).

Mais au-delà des chiffres, il y a l’humain.

Des milliers de jeunes Québécois ont découvert leur vocation grâce à Ubisoft. Des écoles et universités ont créé des programmes spécialisés en réponse à sa croissance : 🎓 HEC Montréal, NAD, Université de Sherbrooke, UQAT, École du Jeu Vidéo — toutes ont formé la relève du secteur.

Ubisoft Montréal a pavé la voie à tout un écosystème :

  1. Behaviour Interactive,
  2. Eidos Montréal,
  3. Frima Studio,
  4. WB Games Montréal.

👉 Sans Ubisoft, beaucoup de ces entreprises n’existeraient peut-être pas.

Conclusion ✨

L’histoire d’Ubisoft Montréal, c’est celle d’un rêve devenu structure. D’un pari risqué devenu modèle économique. D’une petite équipe devenue l’une des plus puissantes forces créatives du monde.

Mais c’est aussi un message pour tous les bâtisseurs du Québec :

Croître vite, c’est bien. Croître intelligemment, c’est durable.

Et si le jeu vidéo est leur terrain, la leçon vaut pour tous les entrepreneurs : bâtir sur des fondations solides, miser sur la relève, et ne jamais perdre de vue son ADN.

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