Simons : le pari numérique d’une indépendance assumée
Héritage et audace : quand la tradition choisit le risque 🧵
Dans un monde où les entreprises familiales préfèrent souvent vendre pour survivre, Simons a choisi une autre voie : miser gros, très gros, pour rester indépendante.
Fondée en 1840 par John Simons, dans le Vieux-Québec, la Maison Simons a traversé cinq générations, les crises, les révolutions du commerce et la montée des géants mondiaux. Et pourtant, au lieu de se faire avaler par Amazon ou par les grands fonds de détail, elle a choisi le pari le plus risqué de son histoire : investir massivement dans le numérique et la logistique… sans céder une seule part de contrôle.
💬 « On n’a pas investi pour grossir. On a investi pour survivre. »
Ces mots de Peter Simons, président jusqu’en 2023, résument la philosophie d’une maison qui a préféré le risque à la reddition.
Une maison d’ici devenue symbole du commerce québécois 🇲🇶
Avant d’être un empire du commerce, La Maison Simons est une histoire de famille et de patience. Depuis plus de 180 ans, chaque génération a transmis non seulement un commerce, mais une façon de faire :
- le respect du client,
- la beauté du design,
- et l’indépendance comme valeur cardinale.
L’entreprise a grandi lentement : d’une seule boutique sur la rue Saint-Joseph à Québec à un réseau national de plus de 15 magasins répartis à travers le pays. Chaque ouverture était stratégique, presque artisanale.
🎯 Pas de franchise, pas de modèle accéléré, pas de spéculation.
Seulement une croissance organique et maîtrisée.
Mais à partir de 2015, un constat brutal s’impose : le commerce de détail est en train de basculer.
Les ventes en ligne explosent. Amazon redéfinit les règles. Et Simons, malgré sa notoriété et sa clientèle fidèle, risque de se faire distancer s’il ne bouge pas.
Le virage numérique : un pari à plusieurs centaines de millions 💻
En 2018, Peter Simons prend la décision la plus audacieuse de sa carrière : moderniser complètement le modèle d’affaires et bâtir une infrastructure de commerce électronique digne des géants internationaux.
Le projet comprend :
- un centre de distribution automatisé de 300 000 pi² à Québec,
- des systèmes informatiques et logistiques intégrés,
- un nouveau site transactionnel de pointe,
- et une refonte complète de la chaîne d’approvisionnement.
💰 Investissement total estimé : plus de 200 millions de dollars.
Mais l’entreprise refuse d’ouvrir son capital.
Pas de fonds privés, pas d’actionnaires extérieurs.
👉 Tout est financé par la dette.
Un choix rare, risqué, mais cohérent avec la philosophie Simons : rester libre, quoi qu’il en coûte.
Quand la pandémie frappe : un stress test brutal 🦠
En 2020, la pandémie force la fermeture de tous les magasins physiques. Simons, en plein virage numérique, se retrouve soudainement dans une situation paradoxale : elle dispose d’une infrastructure en ligne solide, mais ses ventes s’effondrent temporairement.
Les revenus plongent, les dettes restent. Et le pari de l’indépendance devient un fardeau à porter seul.
L’entreprise jongle alors entre son héritage et sa survie. Peter Simons reconnaît publiquement la pression financière, tout en refusant de renoncer à l’ADN de la marque.
💬 « On ne bâtit pas 180 ans d’histoire pour la vendre à la première tempête. »
Cette phrase symbolise le dilemme de tant de PME québécoises : comment continuer à grandir, sans perdre son âme?
Un modèle d’indépendance à la québécoise ⚖️
La stratégie Simons n’est pas sans douleur. Les marges sont minces, les coûts d’exploitation explosent, et la compétition numérique reste féroce.
Mais elle a permis à l’entreprise de préserver son contrôle familial et de démontrer qu’une marque québécoise peut jouer dans la cour des grands — à sa façon.
Aujourd’hui encore, Simons appartient entièrement à la famille. Peter Simons a cédé la présidence à Bernard Leblanc, un dirigeant issu de l’interne, assurant une transition douce et respectueuse des valeurs maison.
Cette gouvernance hybride (familiale au sommet, professionnelle dans la gestion) illustre parfaitement ce qu’est une relève bien planifiée.
L’innovation comme ADN : entre art, durabilité et audace 🌱
Simons, c’est aussi un laboratoire d’idées. Bien avant que la durabilité ne devienne une tendance, la marque lançait des initiatives écoresponsables :
- collections conçues au Canada,
- vêtements recyclés,
- partenariats avec des artistes et artisans d’ici,
- intégration d’éléments architecturaux uniques dans chaque magasin.
🧠 Derrière chaque décision, la même logique : créer un modèle d’affaires où la beauté et la conscience peuvent cohabiter avec la rentabilité.
Ce n’est pas une recette facile — mais c’est ce qui distingue les entreprises qui durent des celles qui se vendent.
2025 : le pari a-t-il porté fruit? 📈
Aujourd’hui, Simons se relève d’années d’investissement intense. Son e-commerce est en croissance stable. Le centre de distribution de Québec est devenu une vitrine d’efficacité. Et la marque reste, plus que jamais, un fleuron indépendant du commerce québécois.
L’entreprise a prouvé que l’indépendance a un prix, mais que ce prix peut être assumé quand la vision est claire.
Comme bien des PME du Québec, elle a fait le choix de la liberté plutôt que de la facilité. Et dans un marché mondialisé, c’est sans doute le pari le plus audacieux qui soit.
Conclusion ✨
L’histoire de Simons, c’est celle d’une maison qui a compris que la fidélité à soi-même peut être un modèle d’affaires. Plutôt que de se vendre pour survivre, elle a préféré miser sur le futur, même au prix du risque.
💬 Croître sans se vendre, c’est choisir la complexité — mais aussi la dignité.
Et c’est précisément ce que le Québec a de plus inspirant à offrir : des entrepreneurs qui refusent de céder leurs racines au profit de la facilité.